Melanie Breton
Le signet
Quand j'étais plus jeune et même jeune adulte, j'ai joué la victime. C'était mon moyen de défense afin de survivre dans ma tête et dans mon corps. Je peux vous dire ça, là, maintenant, avec du recul que j'ai souvent joué la victime, parce qu'avant, je n'étais pas consciente que c'était ce que je faisais.
Je faisais la victime, car je me suis souvent sentie seule et incomprise. Incompétente et surtout, pas aimé. Je sentais que je n'arrivais pas à la cheville de personne et que personne ne m'aimait vraiment (oui, autant que ça). Je sentais que l'on m'aimait par défaut, mais pas pour de vrai de vrai. Pourquoi je sentais ça? Je ne pourrais pas l'expliquer ou comprendre exactement pourquoi, mais c'est un sentiment général que j'ai eu ... longtemps. Mais avant, je ne savais pas que c'était un énorme manque de confiance et que ça pouvait se ''réparer''. Je faisais juste me sentir inadéquate dans la plupart des sphères de ma vie et dans la plupart des groupes de ma vie. Ça me frustrait par en dedans de savoir en avance que je n'allais être pas capable. De savoir d'avance que j'allais échouer. Ça me rendait folle de rage. Je ne sais pas comment expliquer, mais je pensais vraiment que ma vie était perdue d'avance. J'avais des regains de confiance parfois, mais un simple accrochage et je retombais. Mon Dieu que je ne comprenais pas ce que nous sommes venus faire ici, sur la Terre, c'était si difficile. Je sentais vraiment que la game de la vie était perdue d'avance. Osti de sentiment de marde.
Donc, je jouais la victime pour survivre. J'avais toujours une superbe excuse pour arrêter un projet. Une superbe excuse pour ne pas aller faire quelque chose que j'avais le goût de faire par peur d'échouer. Je faisais semblant que je n'arrivais pas à faire quelque juste pour avoir quelqu'un qui me répète que je suis capable 20 000x jusqu'à temps que la personne se tanne, me laisse tomber et j'en profitais pour utiliser l'excuse de celle qui se fait toujours rejeter. Ça m'a tellement nuit quand j'y repense. J'ai perdu de supers ami(e)s... quelques'unes se sont accrochés et mes frères aussi d'ailleurs qui ont été ben patients quand j'y repense. Peut-être que c'était juste comme ça que leur soeur était dans leur tête pis c'est pour ça qui sont encore là, mais quand j'y repense, je les trouve ben ben patients. Mes meilleures chums de filles aussi, vous savez dont qui vous êtes.
Je me souviens, en quatrième année, je devais faire un travail en classe. Quand j'y repense, je suis pas mal sûre que j'étais capable de faire ce travail-là en 5 minutes et sortir pour la récréation, mais à ce moment-là, je ne le savais pas que j'étais capable. J'avais besoin qu'on me le dise. J'ai comme fait croire que je ne comprenais rien, sans même vraiment avoir lu le problème à résoudre. Et je me disais: ''ben non, j'pas capable, je comprends rien, je suis poche''. J'avais besoin que l'on me dise l'inverse... ça terminait par être juste super lourd pour les gens autour de moi d'avoir toujours à me dire à quelle point j'étais capable. Je les sentais ''écoeurés'' et je me sentais encore plus mal aimée et HOP le cercle vicieux. Si un parent lis ceci et reconnaît son enfant, psycholoque svp. GO! Ça prends quelqu'un de l'extérieur pour faire réaliser ça je crois. En tout cas, c'est mon opinion. Ça ne peut pas faire de tort à personne. Je me souviens que cette journée-là en quatrième année, j'avais finalement réussi à résoudre le problème (après un looong moment avec la prof) et qu'elle m'avait fait un signet qu'elle avait affiché en classe disant: ''Avec Mélanie, on a appris qu'il est toujours mieux d'écouter son ange courageux que son ange lâche et méchant''. C'est ce signet-là que j'ai retrouvé des années plus tard, un soir, et je l'ai relu, et relu, et relu, et relu... J'essayais de comprendre. Lâche et méchant ?
J'étais parfois lâche et méchante ? Ben oui. Ça m'a sauté dans'face. Vraiment. Et toutes les fois ou j'ai été méchante avec mon entourage me sont revenus en tête. Et j'ai pleuré. Fort. J'ai pleuré pour la peine que j'ai causé, mais aussi parce que je réalisais dont à quel point j'avais été si dure envers moi-même pendant toutes ces années. On finit par laisser tomber les gens à qui tu répètes ''je t'aime'', mais qui ne te croient jamais. Je me suis laisser tomber, solide. Et ma prof avait raison, c'est l'ange lâche et méchant qui prenait le dessus.
J'avais toujours besoin de ''cheerleaders'' pour m'accompagner. Je n'avais aucune idée comment me remonter le moral moi-même et m'encourager. J'avais l'impression que je devais être la meilleure dans tout ce que je voulais faire, et ça me tuait par en-dedans parce que c'était juste impossible d'être TOUJOURS la meilleure. Je n'avais pas les mots à ce moment-là pour dire ça. Je me sentais juste frustrée par en-dedans. Et je jouais la victime, pauvre de moi, telles excuses et telles excuses et voilà pourquoi ça ne marche pas. Je trouvais de superbes excuses, parce que je trouvais ça trop souffrant de penser que j'allais échouer et j'avais peur perdre mes amies, ma famille à cause d'un échec. J'avais si peur d'échouer que je trouvais de magnifiques excuses pour ne pas faire quelque chose. Maintenant, je me rends compte que la seule personne que je bernais, c'était moi-même.
Alors j'ai commencé à perdre des ami/es et en m'en faire des louches. Des ami/es qui étaient avec moi pour leur bien à eux. Parce que je me sentais tant une marde que je les mettais sur un piédestal et je devais les faire sentir super bien. Et moi, je me trouvais des excuses pour me convaincre que je me sentais bien avec ces dites personnes alors que dans le fond, je le sentais depuis notre rencontre que je n'étais pas bien. Que je n'arrivais pas à être moi-même. Mais comme je pensais que ''moi-même'' était de la marde, ben je donnais toute ma confiance aveuglément (ou presque). Je me suis mise dans des situations qui, avec du recul, étaient dangereuses. Je me suis entourée de gens extrêmement toxiques. Tout ça parce que quelque part en grandissant, j'ai cru que j'étais incompétente. Une petite graine qui était bien semée dans mon intérieur. Et la goutte qui a fait débordée le vase est quand j'ai perdu mes repères confortables en partant seule au Cégep, là, j'ai chuté pour de vrai. Je n'avais soudainement plus aucune idée de ce que je voulais et ou je m'en allais. Je me tenais avec des gens qui semblait cool, mais avec qui je n'arrivais pas à être moi-même. Je les suivais aveuglément.
Aujourd'hui, ouf. Comment je vous dirai ben ça. Mettons que je la vois venir plus vite la tite fille pas confiante qui a peur dans mon intérieur, pis j'ai développé des outils pour la calmer. Pour lui dire que tout est correct, pis qu'on va être capable. Que les gens autour de moi qui m'aime, ben y m'aime parce que je suis moi. Pas parce que j'ai réussi telle ou telle chose. Je n'ai pas besoin de leur prouver quoique ce soit et ils et elles sont là pour m'appuyer autant que je suis là pour les appuyer aussi. Je peux me faire confiance, comme je peux leur faire confiance. J'apprends à demander de l'aide, à croire, à échouer et à réussir. Tabarouète, c'est un travail de chaque jour, croyez-moi. Mais je ne suis plus frustrée par en-dedans. Mon volcan intérieur est éteint et les arbres repoussent tranquillement (je viens d'étudier les volcans avec mon fils, tsé, tite analogie de même gratisss) Bref, je voulais juste vous partager ça, d'un coup que quelqu'un est passé par là, ou passe par là en ce moment. La résilience et la confiance, ça s'apprends. Faque parlons-en dont !